14 Décembre 2020

В Нью Йорке 14 декабря 2020 г

Дорогая Юлия,

J’avais initialement pensé te parler de quelques souvenirs dans cette lettre. Mais il y a deux jours, tu m’as parlé du collier que tu veux m’offrir un jour, et cela est si beau, si touchant, si romantique au sens le plus pur du terme, que depuis deux jours, je ne peux penser à autre chose. En fait si, je pense à quelqu’un, et les histoires attendront, car je veux te parler de toi.

Tes paroles font toujours battre mon c?ur, au sens propre comme au figuré : quand nous commençons à parler, quand je vois que j’ai un message de toi, il y a toujours un bref instant où je sens en moi un changement physique, comme si tout à coup, je me sentais dans la peau d’un chevalier ôtant son armure. Par là je veux dire qu’avec toi je me sens en confiance, et je te montre qui je suis, de la même manière que tu es toujours toi-même quand nous parlons. Cette confiance entre nous est quelque chose de rare, de très précieux, que je chéris beaucoup. Mais ça ne s’arrête pas là  : souvent au détour d’une conversation, une pensée me vient à l’esprit : « Que tu es belle Yuliya ». Pas dans le sens seulement physique, mais dans le sens d’une admiration morale, car tu es une belle personne, quelqu’un qui apporte des sourires autour d’elle, quelqu’un qui rend service aux autres, quelqu’un de bon, quelqu’un qui aide à rendre la vie plus rose quand elle peut paraître grise.

Tu sais(!), je ne pensais jamais rencontrer quelqu’un avec qui je me sente aussi bien. Et en même temps tu es une personne qui toujours me fait découvrir des pans nouveaux de ta personnalité qui m’enchantent. Lorsque nous parlons au futur de notre rencontre à venir, nous évoquons de très longues discussions. En fait, je crois que depuis presque six mois, entre nous, c’est une longue discussion qui a lieu, et qui se déroule par épisodes. Souvent, au détour d’une rue, ou d’une page lue, je pense : « il faudra que je lui raconte cela ! » Mais ce que j’adore c’est que notre conversation ne suit pas de règles justement : c’est comme un morceau de jazz, vivant, énergique, dynamique ! Parfois lorsque tu dors, je ferme les yeux, et j’essaie d’imaginer à quoi tu peux rêver. En général il m’est difficile de me remémorer la voix de mes proches., Mais avec toi, j’y arrive sans

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effort. En ce moment même, je me permet de t’imaginer lisant cette lettre, et je vois ton sourire, et j’entends ta voix, et mon c?ur bat plus fort.

Je me souviendrai toujours d’un moment cet été : je t’avais amenée en ballade à Central Park, et lorsque je suis sorti pour te montrer la librairie française, je me suis assis sur un banc, et tu m’as dit ceci : « Je crois que nous allons tomber amoureux l’un de l’autre. » Nous avons été déconnectés peu après, je t’ai imaginée dans mes bras, te reposant paisiblement. Je suis resté assis sur le banc pendant cinq minutes. J’ai réfléchi et j’ai réalisé que pour moi, ce n’était pas le futur mais le présent. Mon c?ur et mon âme me le criaient auparavant, mais pour la première fois, je l’ai dit de façon consciente, à haute voix : Yuliya, je suis amoureux de toi ! Je me suis levé et j’ai souri. Deux touristes m’ont entendu je crois. S’ils ont compris, ils ont du se croire a Paris : la ville de l’Amour !

Cela aussi est extraordinaire pour moi : j’étais déjà heureux de te connaître, quand nos deux c?urs se sont ouverts l’un à l’autre. Ce fut de façon naturelle, pure, belle, et c’est toujours comme cela que je vois ce qu’il y a entre nous : quelque chose à ton image au fond. Il y a peu, tu as lu pour moi un poème d’Aragon. Pendant longtemps, j’avais pensé que le vers « Et j’ai vu désormais le monde à ta façon » signifie seulement l’influence d’une personne sur une autre quand deux êtres sont proches. Mais en te connaissant, j’ai réalisé que c’est beaucoup plus que cela : les liens invisibles qui nous unissent (mais sans être des chaînes!) me permettent d’appréhender les choses de façon nouvelle, en m’imaginant comment toi tu les verrais. On parle souvent de se « mettre à la place de quelqu’un » pour pouvoir le comprendre, et je le fais souvent de façon inconsciente quand je lis, au travail pour comprendre un collègue, … Mais ce que je ressens avec toi va bien au-delà de tout cela. Parfois c’est étrange car les images se superposent avec celles de ton regard et ton sourire, comme si à cet instant, c’était toi qui te trouvais à cet emplacement, et que j’étais simple spectateur de la scène.

Jamais je n’aurais imaginé me sentir à la fois si proche et si bien avec quelqu’un. Ce que je ressens pour toi Юлия, que pour l’instant en Russe ne ne peux qu’exprimer via cette phrase : я тебя люблю, est quelque chose que je ne croyais pas possible : un sentiment à la fois de bonheur resplendissant, et de douce sérénité, un mélange de pastels et de couleurs vives, comme un champ de fleurs très colorées au moment où le soleil se lève et les nuages sont alors teintés de rose pâle. Je chéris chaque instant passe en ta compagnie, et j’espère toujours te rendre heureuse aussi : je suis et je serai toujours là pour toi.

Je t’embrasse très fort Юлия, ô toi que j’aime,

Твой Géraud