8 août 2021

В Нью-Йорке, в 8 августа 2021 г.

Моя дорогая Юлия,

Ты знаешь о Пинке, Вроде, Жан-Баптисте, и тоже Изисе. Но, не сказал тебе о других живётниях, что были важные в моей жизни. Сегодня, я хочу говорить тебе о них!
Commençons par le plus ancien : quand j’étais petit, mon père allait à la chasse, alors il avait plusieurs chiens. Deux vivaient chez ma grand-mère dans un chenil, le troisième avec nous. C’était un cocker américain noir appelé Youki, un nom commun à l’époque. Je me souviens qu’il était grognon, ce qui est commun chez cette race, et il devait être jaloux de moi. Il finit sa vie également chez ma grand-mère, mais il m’apporta une phobie : celle des chiens. Pendant très longtemps en effet, j’en avais très peur. Au point que la première fois où je me rendis seul à l’école, je traversais la route pour éviter de passer devant un portail où un chien blanc tacheté de noir aboyait sans arrêt ! Ma mère me traita de peureux, mais cette peur dura longtemps. Le cauchemar le plus atroce que je fis, ce fut d’un molosse, genre rottweiller, nomme Brutus, qui me sautait à la gorge dans un bar, dont je me souviens encore du décor. Je me réveillais en criant, dans mon lit, à Sofia, mais convaincu que ça allait arriver tout de suite ! Ma phobie disparut pourtant quelques années plus tard, dans des circonstances étonnantes. Ma sœur avait ramené un chient errant, agressif plus que joueur, d’un voyage à la Guadeloupe… Et alors que je le caressais, il me mordit à la main. Et malgré les traces de ses dents sur ma peau, je n’eus plus peur des chiens : certes, la douleur fut intense, comme un pincement vif, mais… je m’étais imaginé tellement pire que depuis, les chiens ne m’impressionnent plus. En fait, je l’avoue, ils m’apportent un sentiment d’indifférence. Nous en parlions toi et moi récemment : souvent les gens qui ont des chiens disent qu’en fait on aime tous à la fois les chiens et les chats. Et bien non ! Je ne suis intéressé que par les chats !

Le premier chat de la famille, un noir et blanc (« tuxedo » en Anglais) se nommait Mikou. Nous le trouvâmes dans les caves de notre HLM, et il nous suivit. Là arrive un moment triste. Nous étions à seulement quelques semaines du déménagement dans la

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maison où mes parents vivent toujours, quand il sauta sur le rebord de la fenêtre où il avait l’habitude de se reposer. Mais voila : récemment la surface rugueuse avait été remplacée par une plaque de métal blanc et lisse. Le pauvre Mikou glissa. Nous vivions au cinquième étage. Nous courûmes au bas du bâtiment. Il n’était pas mort mais miaulait de douleur. Un idiot promenant son chient dit : « Oh un chat, tu veux le manger ? » Mes parents allèrent chez les vétérinaire, qui leur dit que le chat pouvait vivre, avec les pattes arrières remplacées par des roulettes. Ils choisirent l’euthanasie…

Après notre déménagement, nous en eurent beaucoup d’autres, toujours par hasard : « Il y a un bruit dans le garage ! Oh ! Un chaton ! » Ainsi se succédèrent Mikou 2, Minouche, Minouchette. Hélas toujours pour seulement quelques années : la maison est près d’une route très large, et peu de chats savent la traverser en attendant que les voitures passent. C’est après mon départ pour Brest que mes parents adoptèrent une petite chatte, qui était gravide : ils eurent alors jusqu’à six chats ! Quand je m’installais à Paris, ma mère m’en proposa un. Mais je refusais : « trop occupé, il serait seul et malheureux dans mon petit appartement ». Au final, j’eus une chatte, Isis, qui entra encore par hasard dans ma vie : je me souviens de la première fois où je la vis : n’ayant pas connu d’écaille de tortue avant, elle me parut bizarre avec ce mélange de couleurs ! Mais quelle gentillesse, et quelle intelligence ! Elle vint vivre à Paris, puis à Champaign après un séjour de cinq mois chez ma grand-mère, puis à Calgary et enfin à New York : le chat pour qui prendre le train, la voiture ou l’avion paraissait normal, et qui n’avait peur que des vétérinaire, à qui elle montrait une férocité étonnante. En un sens elle avait raison, puisque c’est là qu’elle eut la piqûre qui mit fin à ses souffrances. Sa dernière nuit, elle la passât contre moi, à gémir doucement. Elle ne dormit pas, mais posa sa patte sur mon épaule. Je crois qu’elle savait que c’était un adieu. J’ai les yeux remplis de larmes… elle qui détestait les pleurs (au point de mordre jusqu’au sang quiconque pleurait près d’elle), elle serait en colère maintenant. Mais en ce moment, c’est Pinky qui me regarde de ses grands yeux, doux maintenant… un autre chat rentré dans ma vie par hasard ! Avec son frère Brody : les deux ensemble, ça fait presque Isis…

Pendant quelques années, nous ne pouvions pas avoir de chats chez mes parents, et pour cause : ma sœur eut une lapine naine : Flocon. Je devrais mettre « naine » entre guillemets, car c’était plutôt un lapin de cage albinos : elle pesait cinq kilos ! Mais c’étaient cinq kilos d’amour, de douceur : toujours à nous suivre partout, à nous lécher les mains et le nez, à se coucher à nos pieds pendant les repas et sur les genoux devant la télé. Elle aimait être sur son dos, comme Brody, et avait des jeux étranges : notamment de

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sortir les mouchoirs des poches si elle en voyait un bout, et … de lisser le lit ! Si tu la posais sur un lit, aussitôt elle mettait ses pattes vers l’avant, et poussait de long en large, comme pour « faire le lit » ! Depuis Flocon, quand les gens parlent d’animaux de compagnie pour des enfants, je recommande une lapine ! En omettant le cote négatif : les meubles ronges, les câbles sectionnes : il faut bien user ses incisives ! D’ailleurs elle faisait ça sur commande : tu sais le jeu d’enfant qui consiste à prendre une feuille de papier, la plier, en découper des angles pour faire de la dentelle ? Et bien je faisais cela avec la lapine, en lui présentant la feuille pliée : ma mère a peut-être encore certaines de nos œuvres !

Il est temps de conclure, et ça ne te surprendra pas, sur mon premier aquarium ! C’était un collègue de mon père qui nous l’avait vendu : 120 litres en eau douce. Par chance, le fils de son patron était aquariophile, et il me donna certains de ses bébés : des scalaires et des guppies, qui à leur tour se reproduisirent. Mais mon coup de cœur ce fut dans un magasin en voyant des combattants du Siam (les fameux Betta splendens). Nous allions en acheter deux : un rouge et un bleu, quand le vendeur nous expliqua pourquoi ça n’était pas possible. Alors nous primes un mâle rouge « Loulou » et une femelle. J’avais expliqué à mes parents la construction du nid de bulles et la nécessité de séparer le couple après la fécondation : elle eut lieu alors que j’étais au club d’échecs, dans un petit aquarium en plastique acheté à cet effet. Mon père me conseilla de mettre le chauffage : je le fis puis allais lire plus sur les soins à donner : grosse erreur. Quand je revins l’eau était à 45 degrés. Et je venais de perdre le poisson qui venait se faire caresser dans mes mains ! Cela fut une rude leçon sur les animaux exotiques : ils dépendent entièrement de nous pour vivre, et quand on fait quelque chose avec eux il faut se concentrer la-dessus ! J’ai appris aussi que parfois, malgré des soins intenses, on ne peut rien faire, et c’est très triste.

Mais je finis cette lettre sur une note joyeuse : avec Brody qui a remplacé son frère sur mes genoux, et a sa patte sur mon poignet, et il me donne sa chaleur de chat dans son doux ronronnement.

Je t’envoie un essaim de baisers Юлия, toi qui est toujours dans mes pensées. Я тебя люблю,

Твой Géraud