9 mars 2022

В Нью-Йорке, в 9 марта 2022 г.

Моя дорогая Юлия,

Когда ты знаешь, у меня странная память. Я часто говорю: « У меня друг, что… », но иногда, мне надо сказать: « У меня было друг, что… ». Сегодня, я буду написать тебе о друсей я знал раньше, которых я ещё знаю, и других, что ка не больше вижу.

Je t’ai écrit précédemment une lettre sur les amitiés enfantines. Mais je ne vais pas remonter aussi loin, puisqu’il y a longtemps que j’ai perdu de vue mes camarades d’alors. Nous allons donc aller seulement jusqu’au lycée, et les 2-3 ans qui ont suivi.

Je t’ai parle plusieurs fois de mon ami Sylvère, celui avec qui, tous les étés, nous nous rencontrions alternativement chez mes parents ou les siens pour jouer aux échecs, parler de musique, et d’aquariophilie. Après le lycée, quand j’étais encore étudiant à Nîmes, nous nous revoyions assez souvent en été : il s’était fait beaucoup d’amis lors de sa dernière année à Alès, et nous allions patiner tous ensemble. Une fois que je déménageai à Brest, mes étés furent occupés par les stages, alors pour ne pas perdre le contact, je commençais à lui écrire (il n’avait pas internet). Pendant un temps il répondit : je sus qu’il avait intégré l’école d’infirmiers. Plus rien cependant après quelque temps, alors, las d’être toujours celui qui contacte les autres, j’abandonnais la partie. J’avais parfois des nouvelles quand ses parents rencontraient les miens au supermarché, mais celui-ci ferma. Il y a quelques années, je le trouvais par hasard sur Facebook. Nous nous écrivîmes deux fois. Après cela il disparut : ainsi vont les choses quand on déménage !

A Brest, j’avais un très bon ami, Christophe. Nous étions toujours ensemble : nous faisions de la course à pied ensemble, nous marchions jusqu’au cinéma ensemble, en 2eme année c’est en stage en Californie que nous étions, et c’est avec lui que je vins à New York pour la première fois. Pendant mon stage à Oslo, il vint me rendre visite par deux fois, avec des étudiants en « road trip ». Après le diplôme, j’étais à Paris, lui à Rocamadour : étant militaire il avait été nomme près de là. Je lui rendis visite : c’est un très beau village, en partie troglodyte. Mais une fois les touristes partis… pas grand-chose à faire ! Quand il passait à Paris, on se voyait, mais je constatais que la vie nous éloignait. Le plus frappant ce fut quand nous allâmes dans un bar métal pour manger (la cuisine y était excellente) : il me regarda comme si j’étais venu d’une

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autre planète. Il faut dire que nos vies étaient devenues très différentes : tandis que j’allais en soirée gothique, lui avait rencontré une fille dans son village qui était plutôt conservatrice. Je crois qu’elle pensait que je pourrais être une mauvaise influence… et dire qu’il passait toujours son temps à courir après les filles ! Nous sommes toujours en contact, mais nos échanges se limitent à des choses autour du travail. Une grande déception pour moi : il a vécu avec sa famille en Virginie, pendant plusieurs années. Ça n’est pas très loin de New York, mais ils ne sont jamais venus, ne serait-ce que pour voir la ville !

A Brest aussi, j’avais un bon ami : François, dit Fanch’. Nous avions beaucoup de goûts en commun, que ce soit en littérature (Vian), musique (bien que militaire, c’était un rockeur), et surtout le caractère : ironique, blagueur, parfois à la limite de la sociopathie ! Quand je vivais à Paris, il venait souvent le temps d’un week-end, et nous allions voir des concerts ensemble : Placebo, Eric Clapton… Il vivait à Rennes, où je lui ai aussi rendu visite. C’était quelqu’un de très amusant (le champagne et les croissants au général/directeur de l’école, c’est lui qui avait lancé cela!), mais parfois colérique, au point de se fâcher sur des malentendus. Un jour, je n’ai plus eu de nouvelles de lui (il y a 15 ans environ). A l’époque, son épouse a eu de graves problèmes de santé, et je regrette de ne pas avoir été assez présent pour lui à ce moment-là. Je ne sais pas si c’est lié : tout à coup il n’a plus répondu aux messages, et ne l’a jamais fait depuis (j’essaie périodiquement). Un autre ami commun, Biscotte, a eu la même expérience : nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui.

J’ai parlé seulement de garçons jusqu’à présent, alors je vais parler de filles maintenant. Peu de temps après avoir commencé à aller en soirées gothiques, je vis sur le forum d’une d’elle une annonce : « on recherche un(e) sixième pour aller au WGT ». J’appris ainsi qu’il existe un énorme festival de musique gothique, le Wave Gothic Treffen, qui a lieu chaque année à Leipzig, en Allemagne. Quelques messages plus tard, je fis plus ample connaissance avec le couple qui organisait : Amandine et Mathias. Je fis le trajet dans la même voiture qu’eux, ce qui me permit de les connaître. A cette époque, ils étaient en train de se séparer, alors ma présence les aida à ne pas se disputer sans arrêt. En fait, je devins ami avec Mathias quand, un matin, je le trouvais à broyer du noir devant sa tente. Mais surtout, je devins aussi ami avec Amandine. Je crois qu’ils apprécièrent toujours tous les deux que jamais je ne prenne parti dans leurs histoires, tout en étant toujours là pour les écouter. Quand j’étais thésard, je travaillais souvent la nuit, car le côté paisible m’aide à me concentrer. Amandine travaillait aussi de nuit, alors parfois, tandis que la ville dormait, elle me contactait : « ça te dirait d’aller marcher ? » Alors après avoir lancé une expérience, j’allais à sa rencontre, et nous marchions ensemble dans les rues désertes.

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Un jour, nous nous rencontrâmes ainsi à 2h du matin, et quand je me couchais, il était 6h. On a fait une pause ce jour-là dans un bar qui ne ferme jamais, mais pendant 3 heures, nous avons marché dans les rues qui étaient à nous. J’adore ce sentiment, mais hélas ici je ne le fais pas assez, la dernière fois c’était à Chinatown, avec toi ! Au fil des années, après avoir quitté Paris, j’ai eu de moins en moins de nouvelles d’elle. Elle n’est pas sur les réseaux sociaux, ni sur les tchats. La dernière fois que je l’ai vue c’était il y a dix ans. Elle avait autour du cou un collier en argent, avec trois améthystes : je le lui avais envoyé de Calgary pour ses 30 ans. Elle avait aussi un briquet qui s’éclaire, avec une fleur bleue dedans : je l’avais acheté pour elle lors de mon voyage à New York en 2004. Après un dîner dans le restaurant ouvert par le cuisinier du bar métal dont je te parlais plus tôt, elle me proposa d’aller dans une soirée gothique. Son copain rentra dormir, et nous y allâmes… en marchant et en parlant comme au bon vieux temps ! Mais quelques mois après, elle ne répondît plus aux messages qui lui étaient adressés : certaines personnes sont ainsi, elles sont intenses en amitié, mais cette intensité diminue avec la distance !

Je termine sur une amitié qui dure : Valérie (que j’ai surnommée Orangette, car elle travaillait chez Orange). Nous nous sommes connus sur un site de rencontres, mais n’avons jamais été intéressés l’un par l’autre par quelque aventure entre nous. Par contre, nous sommes tout de suite devenus très bons amis. Grace à elle et a son groupe d’amis (qui avaient travaillé avec un de mes camarades de Nîmes!) j’ai découvert beaucoup de mes endroits préférés à Paris. J’étais déjà en Amérique du Nord quand elle se maria. Mais je fus toujours au courant : la naissance de ses enfants, son divorce aussi. Avec l’isolement dû au Covid, nous nous sommes parlés de vive voix, moi sur mon balcon pendant le confinement. Elle me parla de son chéri, rencontré au bureau… et un jour je lui parlai d’une personne que je venais de rencontrer, très intelligente, douce, talentueuse. « Elle vit où ? » « En Sibérie ». « Je suis content pour toi. Elle s’appelle comment ? » « Yuliya ». Quand nous irons ensemble à Paris, j’espère que nous pourrons la rencontrer. Récemment nous nous sommes envoyés des chocolats « locaux » (et des bonbons : ses enfants étaient ravis!) Je lui dis souvent à quel point je suis heureux depuis que tu es dans ma vie.

J’espère que mes histoires d’amitié t’ont intéressée. Je dépose sur tes lèvres des baisers qui passent à travers les océans et les frontières humaines. Юлия, я тебя люблю,

Твой Géraud